Doute sur une carrière de gendarmerie

Bonjour a toutes et à tous,

J’ai 29 ans, et de formation juridique (Master droit).
Je vais être appelée à incorporer dans quelques mois une école SOG, et j’ai des doutes qui persistent et grossissent.

Mon principal frein a trait au caractère militaire (la disponibilité) du métier lui même: perdre ma liberté personnelle (beaucoup de sport et de loisirs-un jour une famille) et ne plus décider de ma vie, ne plus avoir de weekends, ne pas être présente pour avoir une famille.

Bien sûr, je sais que les gendarmes peuvent avoir une vie de famille mais lorsque je lis les forums, c’est plutôt « on fait notre vie sans eux et quand ils sont là - les conjoints gendarmes- nous sommes contents »

Ce n’est pas la première fois que je doute. Je pourrais juste tenter comme l’on pourrait me conseiller mais je sais qu’à tenter, il faut partir sur environ 2 ans, un an d’école qui ne représente pas le cœur du métier et un an de brigade pour se faire une idée (je viserais la GD), m’amenant a mes 31 ans (…) et en cas d’échec, devant rembourser la somme coquette d’environ 25000 euros (ce que je comprends au vu du prix de la formation et des démissions grandissantes)
J’ai aussi quelques appréhension sur l’uniforme et donc finalement la perte de l’individualité et de l’autonomie.

Il n’est pas bon d’écouter ses peurs, il faudrait écouter ses espoirs.

D’un point de vue professionnelle, je vivotte et n’exploite pas mon potentiel. Je crois que j’ai besoin d’un cadre malgré moi… Et je trouve que les individus en société sont trop solitaires. De ce point de vue la, la gendarmerie est bénéfique a mes yeux.
De plus, malgré ma propension a la réflexion, j’aime et je suis heureuse dans l’action.

Finalement, j’ai peur de m’effacer dans cette institution et de perdre ma liberté mais j’ai du mal à exploiter a bon escient ma liberté hors d’un cadre.

Au vu des contraintes, j’hésite à revenir vers mon premier amour, le droit. Je ne souhaite pas un travail plan plan de 8/17 h ennuyeux a mourir, c’est hors de question, autant mourir à petit feu!
J’ai exercé beaucoup de professions qui ne nécessitaient pas de diplôme special et je me suis a chaque fois beaucoup impliquée en terme de temps et d’énergie. Vous n’avez pas affaire a quelqu’un qui n’a pas envie de travailler. Aussi, de ce point de vue, j’aime les responsabilités dans mon métier, elles me galvanisent et m’aident à trouver ma place !

J’ai besoin d’un métier assez existentiel, du moins que je perçois comme utile a la société.

Je n’arrive pas a écouter mon instinct et suivre mon cœur. Je ne sais pas si refuser serait une fuite car j’ai peur ou juste assumer que ceci n’est pas pour moi et qu’il existe d’autres chemins.

Je tiens a préciser que pour mon concours, l’institution n’a pas retenu la totalité du nombres de candidats qu’elle aurait pu sélectionner au vu de la décision administrative y afférant, je n’ai donc « pris la place de personne ».

Avez vous des éléments rationnels ou tenant à vos propres inquiétudes, a vos expériences, à m’apporter compte tenu de votre propre expérience en brigade de gendarmerie ?

Je suis perdue pour tout vous dire. Merci beaucoup de m’avoir lue.

Ps; j’ai tendance à être indécise et a beaucoup réfléchir :wink:
Peut être me faut il de l’action!

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C’est un métier prenant et de passion qui nécessite des sacrifices effectivement.
Tu vas forcément louper des moments en famille, tu vas sûrement être muté loin d’eux selon ton classement.

Et selon où tu tombes, ça peut plus ou moins bien se passer. En 5 ans, j’ai fais 3 unités toutes différentes.

Il faut être prêt à faire des sacrifices et potentiellement être à plusieurs heures de sa famille.
La gendarmerie ne te donnera pas forcément ton jour de repos car c’est l’anniversaire de tata monique. Si le service ne le permet pas, tu ne l’auras pas.
Après si ta un bon commandement, y’a toujours moyen de s’arranger.

C’est un métier d’action ( plus ou moins selon où tu tombes ), de sacrifices, gratifiant où il ne faut pas compter les heures, les nuits…
Savoir réfléchir vite ( voir quelques secondes ) et bien.
Mais tes gradés seront forcément sur ton dos vu que tu seras en bas de l’échelle hiérarchique, peu importe ton âge.

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De mon côté, à te lire @Louve , au vu de ce que tu recherches et comment tu te décris ainsi que tes expériences, je pense que tu pourras amplement t’épanouir.
Ton expérience en droit pourra indéniablement te servir et te permettre rapidement, si tu le souhaites, de te diriger vers l’OPJ.

La brigade notamment est assez ingrate, pour l’emploi du temps et les week-ends. Cependant dès lors que tu te spécialises, beaucoup de services ne travaillent pas le week-end ou uniquement sous forme d’astreintes/permanences qui sont beaucoup moins nombreuses qu’en brigade. C’est le cas en BR/SR, si on parle de judiciaire par exemple. Je ne dis pas qu’ils bossent moins, mais en tout cas ils ont plus de week-ends.

Tu parles de personnalité, d’autonomie. Si tu souhaitais la mobile ça m’aurait inquiété. En brigade, dès ton arrivée tu es 100% autonome sur tes procédures. Tu les mènes comme tu as envie (dans le respect des directives de la hiérarchie et du parquet bien sûr). Mais je veux dire, si tu as envie de travailler sur des atteintes en particulier, sur un phénomène, tu as une totale autonomie. Moi j’aime bien, diriger mes enquêtes comme je l’entends.
En patrouille aussi finalement, l’autonomie de contrôler quand tu veux, ou non.

Oui on fait des heures, mais on a aussi un peu de recup parfois. Et on a quand même 9 semaines de permissions. Alors quand je veux a coup sûr avoir un week-end et le temps pour retourner vers ma famille, eh bien je pose une semaine. De cette façon là je loupe rarement les grosses fêtes de famille!

En termes d’utilité pour la société, de responsabilité, tu seras servie. Oui il y a des mauvais côté, un manque de moyens, mais le sens que je donne à mon métier fait que quand je rentre le soir, même éreinté, j’ai le sens du devoir accompli! C’est bateau à dire, mais vrai

Alors je te dirai « fonce » !

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T’inquiètes pas, en fonction de la nature des enquêtes et du niveau de confiance que vont te donner tes pairs, tu auras de l’autonomie :wink:

Je rajouterai simplement que, pour ce qui est charge de travail, tout dépend la brigade où tu tombes. Les unités sont incomparables, que ce soit en fonction des personnels qui la composent ou bien la charge de travail. Autant tu peux tomber dans une brigade qui a beaucoup d’activité avec des périodes de Rush incroyables. Autant cela peut être l’inverse complet avec beaucoup de temps à consacrer à ta vie perso.

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C’est tout à fait normal de douter ! D’ailleurs, le contraire serait étonnant :sweat_smile: on s’est tous demandé la veille de notre entrée en école si c’était réellement fait pour nous, il y a forcément des appréhensions face à l’inconnu, c’est humain. Tu as sûrement pesé le pour et le contre d’une carrière en gendarmerie au moment où tu t’es inscrite au concours, fais-toi confiance :slightly_smiling_face: ce n’est que le début d’une longue aventure et probablement d’une belle carrière, et si jamais ça ne te convient pas, attends de terminer la période obligatoire avant de démissionner sans frais et passe à autre chose. Comme dit plus haut, tu auras la possibilité de te spécialiser, tu vas aussi découvrir des personnes géniales (et d’autres beaucoup moins…), et tu vivras des moments forts. Vois ça comme une opportunité et une expérience, intéresse toi et sois curieuse dès le début de ta formation et ça se passera bien

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Merci beaucoup beaucoup pour vos retours et vos encouragements :blush::blush:

Je vous ai caché le plus important : mon angoisse à l’idée de passer 9 mois de formation en école… J’ai déjà connu des épisodes de ce genre avec une rupture brutale de milieu et privation de ma liberté et je vis ce genre de choses assez difficilement pour des raisons internes. L’adaptation peut être très difficile quand je perds tous mes « ancrages » dirons nous. Je parle moins de ma famille que de ma liberté, j’ai été autonome dès mes 16 ans.

Malgré ma passion, mon niveau en sport vraiment pas mal (muscu et course a pied), mon attrait pour l’apprentissage et l’aide aux gens de manière générale, ma volonté de lien, c’est dur de me projeter, pas sereinement, ça c’est impossible car le changement est effrayant de toute façon, mais au moins juste de me projeter. Pourtant je suis certaine d’avoir les compétences et ce qu’il faut.
Mais la marche symbolique qu’est l’école m’apparaît trop haute. Je le vis réellement comme un obstacle. Que j’essaye de surmonter.

Ce sont des choses sur lesquelles je travaille.
C’est important de connaître ses propres faiblesses, sa propre histoire …

J’ai envisagé de d’abord faire la réserve. Mais j’ai déjà 29 ans (je me sens vieille !!).et je crois que le recrutement n’est plus très actif à ce niveau-là.

Vous la sentez la fille pleine de paradoxes qui a une vie intérieure un peu trop / très grande ? :sweat_smile::sweat_smile::innocent:

Comment l’avez-vous vécu vous?

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Personnellement je n’ai absolument pas aimé l’école, pourtant je suis fille de gendarme, je savais donc où je mettais les pieds.
Je suis pas spécialement scolaire en plus.
J’ai été à l’école pendant le premier confinement et j’ai pu être projeté 2 mois sur le terrain où j’ai vraiment compris ce que j’apprenais à l’école.

C’est assez du bourrage de crâne finalement et je n’arrive pas à retenir le par cœur. Rien de tel que le terrain pour comprendre.

Bonjour, à la lecture de tes questionnements, je pense que tu as bien cerné les avantages et les inconvénients de la gendarmerie. Un métier de service aux autres, passionnant, épanouissant, enrichissant, ou le droit à toute sa place, avec quelques avantages (logement, salaire, retraite, permissions). C’est aussi un métier energivore, où il ne faut pas attendre de reconnaissance et travailler en son âme et conscience, beaucoup d’heures, beaucoup de nuits, un instabilité (planning tardif, congés tardifs, travaille de nuit de week end, mutations, déménagements etc…). Un master de droit, c’est un gros niveau pour SOG. Ta liberté, tu la perdras car tu es « aux ordres » durant le temps de travail et il est difficile d’avoir une vie privée stable. L’idéal, c’est de spécialiser mais c’est une minorité des effectifs et le choix n’est jamais au mérite, plutôt en fonction des besoins et politiques internes du moment. En revanche, tu parles peu de ta famille et tu sembles éprouvée professionnellement. Ce que la gendarmerie peut apporter, c’est de la camaraderie, des amis, de la sécurité (emploi sûr et logement garanti). Pour conclure, si tu préfères de la sécurité fonce tu es sur d’avoir un travail un logement un bon salaire, si tu préfères ta liberté Warning risque de déception. Pour faire simple, c’est l’armée (perte de beaucoup de droits et liberté pour garantir l’obéissance en cas de conflit contre l’appartenance à un groupe soudé, fort, valeureux qui agit pour préserver la sécurité et la liberté de la nation et de son peuple). La gendarmerie et l’armée en général ne font pas dans le compromis ou la demi-mesure: la GN apporte beaucoup et elle prend beaucoup aussi. Le reste est une question de choix personnel. Tu n’as plus qu’à faire le bon choix pour toi.

Concernant l’école, tu seras cadrée, tu apprendras à vivre en collectivité, on t’enseignera les bases de la militarité, tu auras des cours. Certains seront difficiles à comprendre sans avoir fait de terrain. Malgré les explications, tu ne sauras pas toujours à quoi sert ce que tu apprends mais ce n’est pas grave, sur le terrain tes cours feront vite sens. Il faut bien commencer par apprendre les bases. L’école n’est qu’un moment à passer.

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Salut,

Je précise d’emblée que je n’ai (encore) aucune expérience de gendarmerie.

A la lecture des derniers messages, je me demande si une possibilité ne serait pas de faire réserviste 1 an ? Pour voir du terrain et faire sens des apprentissages à venir si tu fais l’école SOG (comme l’expérience de Pauline « grâce » au confinement). Réserviste c’est max 100 jours par an, ça fait quasi un mi-temps. Tu ne vis pas toutes les facettes du métier mais plusieurs d’entre elles, tu peux en observer d’autres, et rencontrer/discuter avec les collègues d’active. Tu peux faire plusieurs brigades aussi sur ton département (voire au-delà selon les missions).

Mais sinon (si tu ne veux plus attendre) je t’aurais conseillé de tenter l’aventure. Passée l’épreuve de l’école, en tant qu’expérience pro ça ne peut être que bénéfique je pense. C’est quand même une expérience assez unique en soi, peu de métiers y ressemblent même de loin, et en plus des compétences professionnelles, j’ai l’impression que la nature particulière de l’activité et du cadre (militarité, etc.) te fait en apprendre sur toi aussi, donc grandir, donc progresser quelle que soit la direction que tu prendras ensuite. Là c’est mon point de vue de l’extérieur de la gendarmerie, en tant que simple personne active avec un petit 15 ans de carrière pro et quelques évolutions au passage, comme beaucoup de gens dans leur carrière sûrement. On sait où on commence (et encore), mais pas où on arrivera :wink:

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Merci beaucoup pour votre temps et vos réponses :blush::blush:
@Vincentor un retour très clairvoyant, merci !