Quelques questions pour l'écriture d'un roman

Bonjour à tous,
Je m’appelle Adrien, je suis marié 2 enfants et ingénieur dans le fonction publique. Je suis également écrivain et souhaite orienter mon troisième roman vers un polar avec une héroïne opj.
Quelqu’un pourrait-il me donner quelques infos? L’histoire se déroulerait sur Lyon. Mon héroïne, opj, enquêterait sur une affaire de feminicide. Première question, sûrement un peu bête… Est-on habillé en civil juste avec un gilet dans le cadre de perquisitions ? Deuxième question, un opj travaille avec combien de collègues dans une enquête ? Avec des opj également ? Le commissaire suit-il les affaires de prêt?
D’autres questions à venir. Merci à vous.

1 « J'aime »

« L’histoire se déroulerait sur Lyon. Mon héroïne, opj, enquêterait sur une affaire de feminicide. »

ça sonne comme une zone police, pas sûr qu’un fofo gendarmerie soit le meilleur endroit pour obtenir des réponses.

« Première question, sûrement un peu bête… Est-on habillé en civil juste avec un gilet dans le cadre de perquisitions ? »

Cela dépend. Un gendarme APJ d’une brigade locale peut (sous contrôle d’un OPJ) mener une perquisition. Comme tout service service extérieur, il sera en uniforme avec son GPB. Il y a des vieux briscard qui sont encore récalcitrant au port du gilet, mais généralement, tout le monde le porte.

Par défaut, la gendarmerie travaille toujours en uniforme, il n’y a que certaines unités spécialisées (type UR et GOS) qui sont autorisés à rester en civil et ceux-ci n’ont effectivement pas souvent leur GPB sur eux. Ils cherchent à pas trop attirer l’attention et n’ont pas spécialement vocation à foncer là où ça défouraille le plus.

Donc, au final, je dirais que ça va surtout dépendre de si votre enquêtrice s’attend à du grabuge et à quel niveau.

« Deuxième question, un opj travaille avec combien de collègues dans une enquête ? »

Cela dépend complètement de l’unité et de l’enquête. Par exemple, une enquête pour une escroquerie aux tickets PCS en brigade de gendarmerie, un enquêteur et un ordinateur et c’est parti. 99% peut se faire depuis le bureau. Certaines unités peuvent mettre en place un système de dépersonnalisations, où il va y avoir une pool de dossier, un chef de pool (généralement sur une thématique) qui va suivre les procédures et confier des actes d’enquête à un enquêteur disponible (et il va généralement essayer de garder un ou deux enquêteurs sur le même dossier pour éviter d’éparpiller la chose).

Etant donné qu’on parle d’un féminicide en zone police, je ne saurais pas trop dire. Je pense que ça devrait aller au minimum aux gars de la sureté urbaine, mais ça pourrait très vite grimper jusqu’à l’antenne de police judiciaire locale.

Les homicides sont pas non plus quelque chose de spécialement courant, mais quelque chose d’aussi assez grave pour qu’un chef de groupe suive l’affaire de très prêt.

Il est peu probable que votre enquêtrice soit seule et une affaire d’une telle ampleur pourrait vite mobiliser beaucoup d’enquêteurs. Il y a potentiellement des jours entiers d’auditions à effectuer. Cela peut aussi bien être conduit par des agents familiers avec le dossier que le premier enquêteur disponible parce que le planning est serré. Donc, ouais, potentiellement, tout le groupe d’enquête thématique (généralement entre une demi et une douzaine d’enquêteurs) pourrait être amené à travailler de façon ponctuelle… et c’est sans compter les potentiels recours à l’article 41a3 pour demander des actes à des enquêteurs hors de la circonscription.

Mais encore une fois c’est situationnel et ce sera surtout selon les besoins du directeur d’enquête (probablement votre personnage principal) et les directives du chef de service. Le système est fait pour accorder une certaine souplesse.

« Avec des opj également ? »

Des APJ peuvent être amenés à bosser sur le dossier, cela, encore une fois, dépend entièrement du contexte. Il n’y a pas d’APJ en unité de recherche, mais il me semble qu’il peut y en avoir en PJ et SU (à vérifier, franchement, j’y mettrais pas ma main à couper).

Généralement, un truc comme ça sera la chasse gardée des OPJ, mais il y a des contextes ou des APJ peuvent se retrouver à participer.

« Le commissaire suit-il les affaires de prêt? »

Définissez « suivre de prêt ». Si vous entendez « activement participer aux investigations en effectuant des actes », alors non. Si vous entendez « demander à être tenu informé de la progression du dossier », alors oui.

Si techniquement, les commissaires de police sont OPJ, ils n’enquêtent pas. Ce sont des gestionnaires, qui sont là pour commander la circonscription ou l’unité. Le commissaire est celui qui va représenter la police dans la coordination judiciaire avec le parquet, c’est celui qui va entretenir des liens avec la préfecture et la mairie, mais également coordonner l’action des agents de sa circonscription.

Les métiers de la police demandent toute une logistique et une organisation. Le commissaire est celui qui va piloter tout ça.

Qu’un commissaire suive une affaire potentiellement médiatique comme un féminicide, c’est normal. Il va devoir interagir avec la presse et tout un tas de monde, donc il se doit de connaître un minimum le dossier.

En revanche, qu’il participe activement à l’enquête, ce serait comme avoir un général participant à un raid sur un point précis du champ de bataille. Même si ce raid est crucial, il doit déléguer son exécution à ses subalterne car il doit conserver une vue d’ensemble des opérations.

2 « J'aime »

Merci pour cette réponse détaillée ! De ce que je comprends, les méandres de la police et de la gendarmerie sont tellement tortueux que je peux imaginer à peu près tout sans que ça paraisse grossier.

Merci encore.

1 « J'aime »

Bonjour @Adrien87

Le roman policier, c’est difficile et « casse-gueule », surtout si on compte aller dans le détail et dans le technique alors qu’on n’est pas spécialement initié.
Au mieux, vous commettrez quelques erreurs que seuls les professionnels sauront relever (sans vous en tenir rigueur), au pire… ça sera truffé d’énormités, et là le risque c’est de perdre le lecteur.

Le meilleur conseil que je puisse vous donner, c’est de vous trouver un ou plusieurs gendarmes d’active pour vous épauler en qualité de consultant(s), ou bien des anciens de l’arme qui pourraient vous guider (si votre histoire se place dans un temps passé plus ou moins lointain).

Mais avec les quelques éléments qui nous sont ici donnés, il y a quelques petites choses qui peuvent déjà être précisées :

  • l’histoire se déroulant sur Lyon, il serait plus probable qu’il s’agisse d’une enquête menée par une unité de recherche (BR ou SR), voir un office central (unité mixte police/gendarmerie) selon les caractéristiques des faits,
  • vu qu’il s’agirait d’un meurtre/assassinat, on est face à des faits criminels. Donc une enquête sous la direction - à terme - d’un juge d’instruction. C’est à prendre en compte, car c’est un cadre d’enquête particulier, où uniquement des OPJ peuvent officier,
  • Du coup, vu ces éléments, on peut imaginer des enquêteurs en civil, effectivement.
  • Sur le nombre d’enquêteurs qui peuvent travailler sur le dossier… il y a ce qu’on appelle un Directeur d’Enquête, celui à qui l’enquête est attribuée et qui oriente le travail en fonction des éléments recueillis. Il y a aussi souvent un Directeur Opérationnel, qui lui gère les moyens mis ou à mettre en oeuvre (le DE n’est pas toujours également DO), et puis certains ont des qualifications et habilitations spécifiques qui leur permettent d’effectuer certains actes que d’autres ne peuvent pas.

À tout cela s’ajoute toute une culture à acquérir, tant sur le plan technique (fichiers, actes d’enquête, unités, grades, fonctions) que sur l’univers PJ lui-même (l’argot de l’enquêteur, les rapports enquêteur-magistrats, les différents codes, le vocabulaire gendarmique)…

Bon courage

Merci. Voici quelques éléments que j’imagine.
Une jeune flic de 25-30 ans sort de ses 18mois d’école de police après réussite de concours externe. Elle arrive à Lyon comme lieutenant de PJ dans la DTPJ. Elle travaille en binôme avec un commandant expérimenté. Lors de l’enquête, le ou la commissaire missionne ce binôme comme chargé de l’enquête avec un accompagnement de 2 autres binômes d’opj. L’aide de l’identité judiciaire intervient sans trop rentrer dans les détails.
Ça colle ? :slight_smile: merci pour votre aide.

Ok j’ai compris. Découverte d’ un homicide : ouverture d’une information judiciaire par le juge d’instruction qui peut éventuellement placer un suspect en détention provisoire. Puis il va plus ou moins tirer les ficelles et diligenter les interrogatoires, perquisitions, etc… on peut imaginer qu’il voudra être tenu informé par le commissaire qui lui même le sera par le DE qu’il aura désigné. Je commence à y voir plus clair.

« Une jeune flic de 25-30 ans sort de ses 18mois d’école de police après réussite de concours externe. Elle arrive à Lyon comme lieutenant de PJ dans la DTPJ. Elle travaille en binôme avec un commandant expérimenté. Lors de l’enquête, le ou la commissaire missionne ce binôme comme chargé de l’enquête avec un accompagnement de 2 autres binômes d’opj. L’aide de l’identité judiciaire intervient sans trop rentrer dans les détails. »

En soit, c’est un modèle qui est tout à fait conforme à ce qu’on retrouve dans les médias classiques, mais, si vous cherchez le réalisme, il y a quelques points à souligner:
-les officiers en PN sont plus des managers que des enquêteurs. Si ça se faisait à une époque, les PJ ont vu les gardiens de la paix y monter en puissance en tant qu’enquêteur, donc voir deux officiers former un binôme n’est pas quelque chose qui soit très répandu.
-si je me base sur ce qui se fait en SR, les jeunes officiers fraîchement affectés sont souvent placés à la tête d’un groupe thématique (atteinte aux bien/personnes/etc) ou alors secondent un officier plus gradé dans ce groupe.
-je sais que certains commandant de police peuvent diriger des antennes PJ, mais Lyon est probablement trop importante, donc ça devrait être un commissaire.

Point important, la police a tendance à séparer la PJ de la SP (même si ça devait changer avec la réforme du DDPN). Il me semble qu’un commissaire d’une CSP ou d’une DDSP n’est pas dans la chaîne hiérarchique des enquêteurs de la PJ, même si ils sont dans le même bâtiments.

Salut à tous,

J’ai rédigé une dizaine de pages ce WE. S’il y a un ou une volontaire en MP pour m’indiquer si le vocabulaire que j’utilise est conforme, je suis preneur.

Merci.