Un sociologue s'interroge sur l'avenir des LCNAS

Le sociologue François Dieu s’interroge sur la pérennité du logement concédé par nécessité absolue de service (LCNAS) dont bénéficient les gendarmes. Ce spécialiste reconnu de la Gendarmerie suggère qu’il faudra le réformer.

François Dieu, auteur de plusieurs ouvrages universitaires sur l’Arme et les gendarmes, intervenait mardi soir lors d’une colloque consacré aux « défis de la Gendarmerie au XXIe siècle » et organisé par l’institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et par la mutuelle militaire Unéo.

« De plus en plus de gendarmes,a-t-il assuré, remettent en cause la vie de caserne et l’obligation de résider en caserne et logent à l’extérieur ». Le sociologue lie ce refus du logement concédé par nécessité absolue de service (LCNAS) à l’individualisme qui touche la société française et donc également les jeunes gendarmes.

Interrogé par L’Essor à l’issue de ce colloque où il représentait le directeur général, le colonel Gwendal Durand, sous-directeur adjoint de l’accompagnement du personnel a dit qu’il ne possédait pas de chiffres sur le nombre de gendarmes qui logeaient à l’extérieur des casernes.

L’état (insalubrité, isolation défectueuse …) de certains logements –surtout domaniaux– vient d’ailleurs en tête des préoccupations des gendarmes.

Le groupe Unéo est né de la fusion en 2008 de la Caisse nationale du gendarme (CNG), de la Mutuelle nationale militaire (MNM) et de la Mutuelle de l’armée de l’Air (MAA). Deuxième mutuelle de la fonction publique, elle compte quelque 630.000 adhérents.

2 « J'aime »

Je vis à l’extérieur, le temps de la construction de la nouvelle caserne ( toute la brigade vit à l’extérieur car elle est insalubre). J’ai toujours vécu en caserne et là j’ai horreur de vivre dans le civil, je me sens absolument pas en sécurité, ya plus l’ambiance brigade… j’ai hâte que la nouvelle soit finit.

C’est quand même un luxe d’avoir un logement de fonction, de ne pas payer de loyer. Surtout que maintenant, les vieilles brigades sont souvent refaites ou construction d’une nouvelle comme chez moi.

Je suis sûrement vieux jeu, mais j’ai toujours du mal avec ceux sortant d’école qui ne veulent absolument pas vivre en caserne et qui veulent seulement vivre dans le civil… quand tu rentres en gendarmerie c’est que tu acceptes la vie en caserne, sinon fallait partir en police.

C’est pas une prison de vivre en caserne, ça fait 24 ans que je vis en caserne, et j’ai toujours préféré à la vie dans le civil, c’est une deuxième famille où tu trouveras toujours quelqu’un si tu es dans la merde. L’ambiance brigade avec les enfants qui jouent dehors, les repas ect…

8 « J'aime »

Je crois que la question arrivera sur la table dans les prochaines années (à moyen/long terme), du fait du dispositif DGE (ou BGE), qui a été mis en place en plusieurs endroits et devrait être généralisé au niveau national (avec quelques adaptations localement dues aux spécificités notamment géographiques).

Ce dispositif étant clairement annoncé pour avoir le but de réduire le nombre de permanences des gendarmes, on voit où ça peut arriver dans quelques années. Les gendarmes étant dans l’obligation d’occuper leur LCNAS sur leurs permanences, si on supprime les permanences (ou que ces permanences se prennent au bureau…), plus besoin de LCNAS.

La gendarmerie se dirige vers un fonctionnement différent, qui s’éloigne selon moi de ce qui a fait sa force. La proximité est rognée (les maires des communes le font déjà remonter), la PJ est reléguée aux tâches secondaires, on met l’accent sur l’apparence : mettre de l’uniforme dehors, et faire de la communication sur les réseaux sociaux.

Cela peut paraître pessimiste, mais c’est ce qui se ressent dans les changements qui s’opèrent, je crois.

3 « J'aime »

On est surtout en train d’aller dans un système clairement police malheureusement…

Le BGE / DGE est encore à la phase expérimentation et c’est un échec… chez nous plus d’astreinte que de QL puis tout le reste …
Le général a dit qu’il n’était pas impossible de revenir en arrière, plusieurs départements l’ont arrêtés, voir ont refusés de l’expérimente.

La France paye une amende pour avoir 2 polices… et on voit bien que les " avancées " sont clairement le système police …

1 « J'aime »

Comme je l’ai lu dans l’Essor, il est dommage qu’un sociologue, grand spécialiste apparament de la Gendarmerie Nationale, mettent en avant « l’individualisme » des jeunes recrues plutôt que le manque de moyen qui permettrait d’avoir des logements décents sur l’ensemble du territoire (enveloppe, gonflée du fait du plan de relance, à 185M quand il en faudrait 300M annuellement).

On peut proposer un logement à n’importe qui, quand celui-ci présente des problèmes d’isolation thermique, électriques etc, personne ne voudrait vivre dedans que ce soit un gendarme, un boulanger ou un comptable. L’individualisme de la société est un fait, mais je ne suis pas d’avis que c’est la seule raison ni même la plus importante.

4 « J'aime »

Bonjour à Tous,
Abandonné le LCNAS participerait à dénaturer le fonctionnement de la Gendarmerie et tirerait celle-ci vers le bas comme on peut l’observer dans bien des pans de la société et administrations comparables.
La demande de gendarmes pour loger à l’extérieur n’est pas nouvelle et les comparaisons les plus hasardeuses ont étaient faites bien des fois sans mesurer pleinement les conséquences et les désagréments.
Ne serait ce que la sécurité des familles. A titre d’exemple, il est certainement plus difficile d’égorger un couple dans une gendarmerie.
Beaucoup de problèmes viennent du retard d’entretien des logements. Avant en mobile, il y avait toujours des gendarmes qui avaient des tâches de casernement. Je ne sais si cela perdure. Ca contribuait au confort général.
Ce qu’il manquait aussi c’était en fin de carrière la possibilité d’acheter un point de chute dans de bonnes conditions. Cela a changé puis que la possibilité d’accéder à la propriété a été facilité.
Quant aux jeunes gendarmes, ils devraient savoir à quoi ils s’engagent. Ce qui n’est pas forcément évident quand on voit que certains découvrent comment se passent le concours…
A force de dénaturer le fondement de la gendarmerie, son identité militaire et sa réaction on risque de voir une certaine déliquescence s’installer et d’avoir les maux qui touchent la police dont on voit le mal-être permanent.Il me semble qu’il ne faut pas laisser, ici aussi (en gendarmerie), une minorité imposer ses vues, on voit ce que cela donne dans la société…

2 « J'aime »

C’est vrai. Et je pense qu’il y a une volonté de gommer au maximum les différences entre la Gendarmerie et la Police. Peut être même qu’un jour ils voudront fusionner les deux. Plus de statut militaire.

1 « J'aime »

Ça fait longtemps qu’ils aimeraient supprimer la Gendarmerie, depuis 1789 déjà si la population n’avait pas exprimé un tel soutien via les cahiers de doléances.