Il y a des confusions, amalgames mal venus, raccourcis erronés, et jugements péremptoires dans ce post. Impossible de laisser passer tout ça sans réagir.
Difficile à démêler, sans faire quelques rappels.
« la France s’est construite à partir du catholicisme » est un raccourci beaucoup trop simpliste, pour servir un propos erroné : « ce qui prouve que la Gendarmerie a bel et bien un lien avec le catholicisme», car évidemment, c’est faux. D’abord parce que son histoire débute en 1791…et ce n’est pas qu’un détail…
L’histoire de notre « nation » (quels en sont les contours et à partir de quelle date parle-t-on de « France » ?) et celle du catholicisme sont étroitement imbriquées, l’une ayant influencé l’autre, et vice et versa. C’est un fait. Mais non, il est faux de dire que « la France s’est construite à partir du catholicisme », car l’histoire d’une nation est toujours une imbrication d’évènements complexes, plus ou moins déterminants. D’autres éléments historiques sont entrés en jeu dans la construction de notre nation…je te laisse chercher lesquels (un indice : l’Histoire ne commence pas en l’an 0…)… Ce n’est donc pas aussi trivial que tu le laisses croire.
Chaque peuple a son histoire, qui est immuable, intangible, pour peu que l’on s’attache à regarder les faits. Chaque peuple en est le fruit, avec et en dépit des vicissitudes traversées. On peut noter au passage que le catholicisme a écrit en « France » des pages qui comptent quand même parmi les plus sombres de notre histoire…
Quand on fait partie d’une nation, on est donc le fruit d’une histoire, qui n’a pas toujours été glorieuse. Mais le passé éclaire l’avenir. Être lucide sur toutes les vicissitudes de cette histoire doit éviter de commettre les mêmes erreurs et ne fait en aucun cas d’un citoyen lucide et éclairé sur ce passé commun, une « personne n’étant pas la bienvenue ». On subit cette histoire, on ne peut que l’accepter, mais on n’a pas à la « respecter ». Parce que ça n’a pas de sens. Quant aux valeurs qui découlent de cette construction lente du présent, on y adhère, ou on essaie de les modifier, ce qui est tout l’objet d’une démocratie en évolution permanente, qui tente de s’adapter aux enjeux du présent. Sinon, oui, on s’en va.
Aucun rapport ?
Chaque institution, comme la Gendarmerie, a aussi ses pages sombres. Et son histoire est aussi parsemée d’anecdotes, comme celle du 18 mai 1962, lorsque Jean XXIII établit Sainte-Geneviève comme patronne « des gendarmes français, gardiens de l’ordre public ». Car pour un non-croyant il ne s’agit que de cela, d’une anecdote. Et la Loi de 1905 garantissant la séparation des Eglises et de l’Etat le soutient : tout cela n’a strictement rien d’officiel, même si certaines pratiques récentes ont tenté de faire croire le contraire….au point qu’il a fallu une décision d’un TA pour repréciser les choses…
« lorsque l’on souhaite s’engager en Gendarmerie , on respecte son histoire » : et ben non, on l’accepte, c’est tout. Et ce n’est absolument pas une condition sine qua non pour y entrer, il faut arrêter d’inventer des règles qui n’existent pas.
Si je ne reconnais pas la moindre autorité, ni morale, ni religieuse à un pape, ce qui est mon droit le plus strict, alors il peut bien établir qui il veut comme « patronne des gendarmes français » (et le Petit Chaperon Rouge même s’il veut, pour un athée c’est pareil ! simplement un mythe ! sans vouloir offenser personne, mais svp, essayez d’avoir l’esprit ouvert et un peu de tolérance !), mais que ce soit bien clair : je n’ai pas à reconnaître à Geneviève le moindre statut particulier, si ce n’est d’être un personnage historique qui a marqué son époque, et éventuellement de figurer de manière anecdotique dans l’histoire de l’institution, à cause de la déclaration d’un pape… n’en déplaise à certains.
La Gendarmerie est une institution républicaine, laïque, dont la vocation et la mission consistent à faire respecter l’ordre républicain. Son patron est nommé par une autorité républicaine, pas religieuse.
Si cette fête peut constituer un repère, pour bon nombre de gendarmes, c’est au titre de « fête de la gendarmerie ». Elle est souvent une occasion d’organiser une petite fête entre collègues avec les familles, cette fameuse « manifestation annuelle, traditionnelle et festive participant à la cohésion et à la représentation de l’institution », dans le cadre de laquelle « les militaires de la gendarmerie [peuvent être] invités et autorisés, durant le service, à assister à un office religieux dans une église, lorsque cette invitation présente un caractère facultatif ».
Alors pourquoi des gendarmes non-croyants fêtent-ils la « sainte-Geneviève » un 26 novembre ? Peut-être pour les mêmes raisons que de nombreux non-croyants fêtent Noël le 25 décembre ? par habitude ? par tradition ? pour avoir le sentiment d’appartenir à une communauté ? La célébration d’un patronage, de même que celle de la naissance d’une figure religieuse à Noël, occupe-t-il beaucoup les esprits en cette occasion ? Rien n’est moins sûr*. Donc que ce soit une fête devenue traditionnelle, OK. Mais en aucun cas une « sainte » ne peut avoir le titre de symbole de la gendarmerie. C’est absurde.
Donc lorsque je ne reconnais pas le « patronage » de Geneviève, ça n’a rien à voir avec un rejet des valeurs de la gendarmerie. J’espère que cette fois, c’est clair. Si certains souhaitent se placer sous la protection d’un personnage historique, pour des raisons qui leur sont personnelles, il faut l’accepter, évidemment. Comme chacun doit accepter que d’autres n’accordent aucune valeur à cette démarche dans le sens où elle ne fait pas sens pour eux. C’est une démarche de tolérance. Il s’agit de croyances : on n’a pas à les respecter, juste à les accepter, à condition qu’elles ne limitent pas les libertés de conscience d’autrui. Le respect, c’est autre chose. Il concerne les gens, ou des règles. (et pas les idées hein ! quand elle sont exprimées, dans le cadre de nos valeurs républicaines j’entends. Parce que chacun reste libre de penser ce qu’il veut).
« la Gendarmerie est représentée par des symboles chrétiens » : ah bon ? exemple ?
« lorsque l’on souhaite s’engager en Gendarmerie , on respecte son histoire et ses valeurs . Autrement , on s’en va !!! »
Même en changeant quelques mots, cette déclaration est toujours aussi nauséabonde, pleine d’intolérance et empreinte d’ignorance, l’ignorance n’étant jamais une excuse…
Adhérer à une pratique religieuse, catholique ici, ne fait pas du tout parti des engagements qu’un GAV ou un EG prend quand il signe son contrat ou qu’il prête serment…dans un Tribunal, pas dans une église…Donc, « la Gendarmerie est représentée par des symboles chrétiens . Il faut donc respecter cela », c’est vraiment du grand n’importe quoi.
Alors, @Julien1234, toi qui n’as pas encore mis un orteil dans l’institution, sache quand même que lors de la « veillée du drapeau », qui suit la présentation au drapeau, cérémonie très solennelle qui fait partie intégrante de la formation d’EG, chacun est invité à réfléchir à son engagement, à penser aux gendarmes qui ont précédé, se sont sacrifiés, aux valeurs que l’on a envie de partager, etc…tout ça dans un lieu particulier…face au drapeau français, et pas devant un symbole religieux. Libre à chacun, s’il le souhaite, de se placer à cette occasion sous la protection de qui il veut, mais cette démarche est silencieuse…et personnelle.
N’y vois aucune condescendance, mais quand on ne sait pas, on ne dit rien…
Ah oui, pour finir, *quelques stats, puisque tu sembles aimer ça (source : Jean Viard, sociologue):
- La moitié des français sont non-croyants
- Seuls 30% des français se reconnaissent dans la foi catholique ; ça fait 70% qui ne le font pas…
- A notre époque, 4% des français fréquentent l’église chaque semaine, alors qu’ils étaient 35% dans les années 1960, lorsque le pape s’est amusé à nommer sa patronne des gendarmes français…